1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

STÉPHANE · 08-02-2011



MISS TIC

Livre « À la Vie à l'Amor »
Livre « À la Vie à l'Amor »

Miss Tic est née le 20 février 1956 à Paris, dans le quartier des artistes et de la nuit nommé Montmartre (18e arrondissement). Fille d’un immigré tunisien ouvrier et d’une mère normande issue du milieu paysan, Miss Tic vit paisiblement sur la butte parmi les peintres et les poètes.

 

En 1964, c’est un décor à l’opposé de ce qu’elle connaît à Paris, celui de la cité des aviateurs à Orly (94). Deux ans plus tard, sa mère, son frère ainsi que sa grand-mère sont tués dans un accident de voiture. Miss Tic gardera de ce choc une séquelle particulière : elle devient gauchère (obligée). En 1972, un autre événement tragique interviendra dans sa vie : son père décède d’une crise cardiaque ; elle a seize ans.

La miss attend avec impatience la fin de ses études secondaires, puis se forme pendant plusieurs années aux arts appliqués (décors de théâtre, maquettes, photogravure). Ensuite, elle part s’installer en Californie au début des années 1980. Un dépit amoureux la fait revenir à Paris. Elle décide d’exploiter ce ressenti amer dans ses pratiques artistiques. Miss tic écrit au pochoir et à la bombe de peinture des messages poétiques et des calembours, encore sommaires, composant une chronique existentielle ; ses supports sont les murs. Le pseudonyme qu’elle choisit est emprunté au personnage de Miss Tick, la sorcière du journal de Mickey. À l’instar des autres jeunes artistes de rue, elle s’affuble d’un nom puisé dans le domaine des bandes dessinées : Speedy Graphito, Blek le rat, Paëlla Chimicos, Placid et Muzo son tendance et en rupture totale avec l’élitisme intellectuel de l’art abstrait des années 1960/70.

 

Nous sommes en 1985, Miss Tic a trouvé son style dans la rue et sur le tas. Elle n’est pas allée dans les écoles d’art. Sa motivation est inattaquable et elle ne se tarit pas de prétentions en arts plastiques. Ses autoportraits rehaussés d’épigrammes de ses messages et jeux de mots font mouche aux coins des rues de Paris. Ses lieux d’intervention et de prédilection : les quartiers de Montmartre, Ménilmontant (20e), le Marais (4e), Montorgueil (2e) et dans le 13e arrondissement, sur la butte aux cailles où Elle viendra s’installer plus tard.

 

Le treizième

 

Cet arrondissement abrite la plus grande communauté asiatique de Paris et un quartier comparable à Montmartre : la Butte aux Cailles. C’est dans cet endroit paisible que Miss Tic a installé son atelier. Ce « petit  village parisien » est un creuset pour l’art urbain. Chaque année depuis dix ans, l'association Les Lézarts de la Bièvre invite un artiste à illustrer quelques murs. Miss Tic fait partie des « incontournables ».

D’ailleurs, elle ne travaille aujourd’hui dans la rue que sur autorisation. Les commerçants du quartier l’apprécient et  la soutienne dans ces démarches. Ainsi, on peut admirer des pochoirs sur certaines devantures de restaurants, de cafés-tabacs ou de magasins.

 

Une figure incontournable du Street Art

 

Miss Tic devient une figure incontournable du Street Art. Elle est surtout la première à exprimer sur les murs ses désirs, ses ruptures sentimentales, ses fantasmes, sa vie. Ses écrit se feront ensuite plus militants et politiques. Miss Tic joue des stéréotypes de la femme séductrice et des archétypes de la femme objet (marchandise) que notre société contemporaine à créés. Avec ses portraits silhouettés et un fétichisme affiché, les décolletés aguicheurs, les porte-jarretelles, les bas, la robe à fourreau, les gants montants, le fouet contrastent avec les épigrammes poétiques les accompagnants et questionnent le passant du trottoir. Miss Tic se fait une joie de fouler du pied les idées reçues.

 

Livre « Je ne fais que passer »
Livre « Je ne fais que passer »

1992, un incendie dévaste son atelier détruisant ses premières matrices des années 1980. Miss Tic poursuit son activité avec ses silhouettes et ses phrases. La reconnaissance de ses créations comme œuvres d’art, notoriété amène le temps des expositions régulières : au cours des années 1990 on en compte une vingtaine, personnelles et collectives, dans des petites galeries parisiennes ; des expositions associées parfois à des performances déclamatives, qu’il s’agisse de ses propres textes, de poésies de Jacques Prévert, de mémoires de prostituées. La fin de la décennie arrive par la sortie d’un premier livre Je ne fait que passer, aux éditions Florent Massot. 

 

1997, les bombages et les tags sauvages sont dans le collimateur des autorités, de la RATP, la SNCF et des propriétaires immobiliers. Miss Tic n’échappe pas une radicalisation de l’attitude des pouvoirs vis-à-vis de ce qu’ils considèrent un fléau urbain. Elle fait l’objet d’une arrestation et d’un procès pour « détérioration d’un bien par inscription, signe ou dessin », qui se conclut en 2000 devant la Cours d’Appel de Paris par une amende de 30 000 Francs, soit 4 500 Euros.

 

Fini donc le temps des escapades poétiques et murales. La suprématie de l’art conceptuel et visuel par la vidéo et le multimédia s’installe. Miss Tic subit, comme les autres figures du street art le scepticisme des marchands et des musées. Cependant, en 2002, une exposition à la Fondation Paul Ricard Des muses et des hommes vient changer la donne. Frisant l’arrogance et comme pour signifier une continuité avec les maîtres de la peinture, Miss Tic réinterprète les œuvres du patrimoine : Le Caravage, Rubens, Raphaël, Delacroix, David, Gauguin, Manet, Gustave Moreau, Toulouse-Lautrec…, rehaussés de charges critiques et de jeux de mots dont elle a le secret. Les institutions commencent à accréditer le mouvement.

 

2003, un nouveau livre préfacé par Régine Desforges aux éditions Alternatives vient confirmer la persévérance professionnelle sinon la maturité de cette femme hors du commun. Des articles de presse lui sont consacrés, un fan club et in site internet se créent. Des marques s’intéressent à son travail : loueur de véhicules, maroquinier, couturier, papetier, entreprise de bricolage et de décoration d'intérieur. Les expositions dans les galeries de renom se font plus fréquentes. Les commandes de pochoirs succèdent : Le logo du loueur UCAR, L’affiche du film La fille coupée en deux de Claude Chabrol, La façade de la résidence d’étudiants Léo Ferré de la ville d’Orly, le Ministère du logement et de la ville sous la tutelle Madame Christine Boutin… ; c’est la consécration.

 

« L'invitée » de la campagne présidentielle de 2007 

Campagne présidentielle 2007
Campagne présidentielle 2007

2007, Miss Tic entre dans la collection du Victoria and Albert Museum de Londres. Elle s’invite dans la campagne pour les élections présidentielle mais elle ne va pas aussi loin que Coluche en son temps, elle n’en n’avait d’ailleurs pas l’intention. En novembre 2008, les éditions Grasset publient un recueil de ses citations et de ses dessins : Je prête à rire mais je donne à penser.

 

2010, en mai, une rétrospective de son œuvre est organisée à Singapour avec le soutien de l’Alliance Française. Du 1er décembre au 12 janvier, la galerie W à Montmartre lui consacre une exposition dans le cadre de la sortie de son nouveau livre À la vie à l’amor ; voir les détails sur ce site dans la rubrique « Carnet d’art ».

 

Miss Tic ayant cultivé l’éphémère démontre qu’elle est devenue une authentique artiste plastique, maitrisant son style de trait. Elle a du imposer son talent et s’imposer comme femme libre, indépendante dans un milieu essentiellement masculin. Miss Tic a su créer un langage percutant, pertinent à sa personne atypique et à ceux qui la suivent dans son univers. Elle est une virtuose des mots , incontestablement.

  

Stéphane Pichet

Merci à Miss Tic et à Henri Kaufman

 

Site officiel : http://missticinparis.com  

 

Fan club :

http://www.henrikaufman.typead.com

 

VIDÉO DANS LE CADRE DE LA PROMOTION DU LIVRE À LA VIE À L'AMOR :

 

GALERIE (VOIR AUSSI PARIS 13E) :


1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Partager cette page :