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STÉPHANE · 08-12-2011

DERNIÈRE MODIFICATION · 07-01-2018



Bansky

Banksy a dit : « Certains deviennent flics parce qu’ils veulent un monde meilleur, d’autres se font vandales car ils veulent un monde plus beau ». Les armes du mythique graffeur britannique sont des bombes aérosol, et son humour corosif. Illustre artiste de rue, voyageur acharné, aucun fait social ni code sociétal ne sait lui résister. Ça capacité à transgresser les règles associée à sont talent artistique font de lui un acteur incontournable de la scène Street Art. Cependant, Il  reste encore à ce jour un mystère puisque sa véritable identité n’a jamais été dévoilée.

 

Son style dérange


Originaire de Bristol, Banksy a atteint une immense notoriété dans tous les milieux populaires du Royaume-Uni et dans le monde. Depuis ses débuts, il  utilise une combinaison originale de pochoirs et d'écrits sarcastiques. Ses peintures subversives peuvent être vues sur les murs barbouillés de la planète. C'est en 1998, en peignant à Bristol un ours en peluche balançant un cocktail Molotov (« The Mild Mild West ») sur la police que l'artiste, encore clandestin, commence à se faire connaître. Ses œuvres sur le mur séparant Israël de la Palestine feront  parler de lui. Son style dérange, parce que sa subversion dépasse largement le cadre pictural des édifices  investis. Ses œuvres caustiques lui taillent une réputation sulfureuse : diffusion de faux billets de livres sterling à l'effigie de Lady Di (à la place d'Elizabeth II), copies d'albums de Paris Hilton seins nus, accrochage clandestin d'un tableau orné d'un bandeau « Police line do not cross » à la Tate Britain, fausse Joconde affublée d'un « smiley » au Louvre (la Joconde, mainte fois détournée et warholisée), poupée gonflable habillée façon Guantanamo à Disneyland…


Certaines personnes voient en Banksy un porte-parole urbain dont les écrits (qui ne sont pas effacés par les services de nettoyage) peuvent percuter des pouvoirs publics devenus sourds à toute revendication sociale. Certains affirment que son travail, outre les messages, embelli un environnement terne ; beaucoup d’autres sont en désaccord,  en ’argumentant que ses graffitis sont du vandalisme, et constituent même un « acte terroriste ».  Derrière chaque mot peint sur le béton, se cache un but politique qui vise à dénoncer les injustices récurrentes et les excès sécuritaires « fascisants » et de notre société de consommation. Connu pour être un artiste anticapitaliste, Banksy se fait une joie de sabrer les travers du système. Ceci n’est pas sans rappeler les barbouilleurs de publicités, ces militants qui passent dans le métro et badigeonnent les affiches de en réclamant la révision de la réforme de la loi de 1979 encadrant l’affichage publicitaire. Banksy a travaillé pour des organismes de bienfaisance et d’autres structures comme  Greenpeace. La contestation est une chose, vivre de son art en est une autre : il clarifie ainsi ses exigences financières à une rémunération de £ 25.000 par toile.  C’est le temps de la reconnaissance et ses détracteur, en particulier des graffeurs, ne vont pas manquer de le traiter de « vendu ».


Banksy entre dans le système par la grande porte


Paradoxalement, l’artiste s’est aussi investi en faveur de marques telles que Puma. Certains mastodontes du capitalisme l’ont contacté pour qu’il leur fasse leur campagne publicitaire. Il a également revisité le générique de la série télévisée culte « Les Simpson ». Sur ce dessin animé, le pochoiriste ne s’est pas retenu avec un générique très sombre, dénonçant sans vergogne la société productrice 20th Century Fox, la faisant apparaître comme une entreprise esclavagiste. Du petit au grand écran, il n’y a qu’un pas : Bansky met son savoir-faire au service du cinéma. En 2010, il réalise avec Rhys Ifans Faites le mur*. Ce film raconte le parcours de Thierry Guetta, un français opportuniste qui se reconvertit  comme documentariste en suivant les traces des maîtres du Street Art et devenu lui-même un artiste contemporain très prisé. Fumisterie ou non ? Aux premiers abords, on pourrait prendre le personnage de Thierry Guetta comme un « pantin excentrique » complètement mégalo parachuté au milieu des peintres de rues.  On se demande d’où vient son extraordinaire reconnaissance. Le film n’apporte aucune réponse concrète, mais met en lumière le monde du Street Art qui est encore trop méconnu et effraie. Banksy fait parallèlement son autoportrait. Des zones d’ombre subsistent et notamment la principale : la révélation de son identité.

Banksy entre donc dans le système par la grande porte. Il ne faut pas se fier aux apparences, il n’a rien perdu de sa verve contestataire. 


Le visage de Banksy dévoilé


Le visage de Banksy a été dévoilé récemment par la presse britannique. Peu de temps après, un internaute a proposé sur eBay de révéler son identité.

Une annonce étrange est apparue sur eBay. Celle-ci proposait de révéler  l'identité de Banksy à celui qui mettrait la plus grosse enchère. En quelques jours, les sommes sont montées 1 million de dollars, soit 750 000 euros. Dans le descriptif, il était écrit : « Si vous gagnez cette enchère, je vous enverrai un morceau de papier révélant la véritable identité de Banksy. J'ai découvert son identité en comparant les prix de ses œuvres vendues aux dossiers fiscaux correspondants. Je ne vous révèlerai pas plus de détails. Le gagnant de cette enchère sera le seul à partager cette information avec moi. Un morceau de papier révèlera son nom, rien de plus. Je vous donne l'assurance à 100% que le nom complet qui sera révélé est bien celui de Banksy. ». L'annonce a été retirée, la véritable identité de Bansky est donc pour le moment toujours inconnue.


Il est inconcevable de croire que Banksy, à travers ses dernières actions et son propre film, cautionne ce contre quoi il lutte depuis toujours.L’artiste use de la communication et la manipule à sa convenance. Il est assez malin pour ne pas se laisser absorber par les multinationales qui lui font gagner de l’argent. Le poids des messages de Bansky interpelle le passant et dénoncent l’ignorance de la plupart des technocrates. C’est pour des raisons évidentes de sécurité personnelle qu’il garde l’anonymat, afin de se préserver des poursuites. Son style fait aujourd’hui des émules puisqu’on peut trouver de faux Banksy, ainsi que des kits pochoirs pour faire ses propres Banksy. Visiblement, cela ne le dérange pas du tout.

 

Stéphane Pichet

 

*Faites le mur a été diffusé le mardi 13 décembre 2011 à 22h35 sur Canal+. 

Galerie

Vidéo du générique « Les Simpson » by Banksy

« Faites le mur », la bande annonce


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