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STÉPHANE · 08-08-2011

DERNIÈRE MODIFICATION · 04-01-2012



BERNAR VENET

Bernar Venet
Bernar Venet

Satisfaire les touristes (surtout américains, chinois et coréens) en visite à Versailles est une chose, les parisiens comme une grande partie des français, en est une autre. L’artiste français Bernar Venet connaît une renommée internationale… Sauf dans l’hexagone où le non amour du public vis-à-vis de ses œuvres est récurrent. De plus, il est la bête noire d'associations de riverains des lieux d'expositions, s'opposant à l'arrivée de l'artiste ou réclamant le démontage de ses installations. 

 

Figure majeure de l’art contemporain


Peintre puis plasticien, figure majeure de l’art contemporain, Bernar Venet est né le 20 avril 1941 à Château-Arnoux-Saint-Auban dans les Alpes-de-Haute-Provence. À la fin de la décennie 1950, il est assistant-décorateur à l’opéra de Nice. Sa vocation démarre en 1963 lorsqu’ il enduit  toiles de goudron et les expose.  « Le noir, c’est le rejet de la communication facile », dit-il. Peu de temps après, Bernar Venet  expose une sculpture composée d’un tas de charbon. Le banal devient l’avant-garde, que le travail de l’artiste soit contestable ou non.  


En 1966, Venet part à New York et y découvre l’art minimal et conceptuel ainsi que la subjectivité aux côtés d’artistes tels que Sol Lewitt, Donald Judd, Carl André et Dan Flavin. Il met ensuite au point un programme s’étalant sur quatre années s’intéressant aux différentes branches de la science et au terme duquel il envisage d’arrêter sa (jeune) carrière artistique. En 1971, arrive la fin programmée de la carrière de Bernar Venet .Celui-ci se consacre alors à des rétrospectives de son travail, à des conférences à travers le monde. Il donne également des cours à la Faculté de la Sorbonne.  Il voue un attachement particulier aux formules mathématiques et à une riche américaine qu’il épousera.

1976, Bernar Venet décide finalement de reprendre le travail dans son atelier. « Le hasard étant mathématique », il décline une série de sculptures intitulées « Lignes indéterminées » suivant le parcours de la main sans recherche esthétique préalables. Il développe ensuite des sculptures composées d’arcs mettant en espace les degrés qui à la fois les définissent et les composent. Il devient dès lors formaliste. « Les arcs » de Venet, entièrement métalliques développent une matérialité esthétique et étrange donnant une interprétation particulière et inhabituelle de leur environnement. Les lignes à travers leurs variations : « Les arcs » dans tous leurs états,  penchés, verticaux, effondrement, ressorts, monumentaux. C’est ainsi qu’il se fait connaître du grand public en exposant ses sculptures à travers le monde.  Depuis, Venet n’a cessé de composer de nouveaux arcs en recherchant de nouvelles formes.


Aujourd’hui à Versailles, Bernar Venet investit les jardins du Château, espace d’inspiration classique et géométrique régit par des règles de perspectives très pointues. C’est idéalement LE lieu d’exposition pour ses arcs, qui obéissent aux mêmes lois de mesures hautement précises. Le mélange des genres n’intervient que dans le style contemporain des sculptures. Pleinement conscient de la portée symbolique du Domaine de Versailles, Venet l’aborde avec le souhait certain de souligner son tracé, de révéler (si besoin est) sa cohérence et de faire découvrir sous de nouveaux angles ses espaces quitte parfois à se mettre en opposition avec son dessin si précisément délimité. Il place ainsi un effondrement d’arc entre le bassin d’Apollon et le Grand Canal, sorte d’épave rouillée de lignes indéterminées en qui trône au centre de l’ouvrage d’art versaillais. Les sculptures disséminées sur le territoire, à commencer par l’œuvre monumentale encadrant la statue de Louis XIV sur la place d’Armes. Bernar Venet a dit avant l’ouverture de son exposition : « Lorsque Jean-Jacques Aillagon m’a proposé d’investir le château de Versailles, j’ai pris l’invitation comme une grande chance d’exposer mes sculptures, mais aussi ma conception de l’espace. » 

 

Ces français hostiles à Bernar Venet et à l’art contemporain

 

Un bon nombre de français, se disent  totalement hermétiques aux nouvelles formes d’art.  Il y a ceux eux qui détestent les escrocs, les fabricants de produits « tendance » pour épater la galerie et faire gagner beaucoup d’argent à leur(s) mécène(s) , des propriétaires collectionneurs déjà pleins aux as et les adorateurs de la seule sainte Nouveauté. On ne saurait leur enlever ce droit à la raison. Et il y a ceux qui veulent brûler la sainte en ne jurant que par la Tradition : on peint, on dessine, on sculpte, point. On n'expose seulement dans les musées et les galeries d’art. Les édifices tels que le Château Versailles doivent rester «  figés » dans l’histoire. Les deux « catégories » qualifient l’œuvre de Bernar Venet de « fumisterie » ou de « monstrueuses ferrailles rouillées de la place d’Armes ». Venet a son petit nom : « Venet le ferrailleur newyorkais ». L’art dit « contemporain »  utilise entre autres des matériaux industriels et de récupération, ainsi que des moyens comme le numérique. Les œuvres doivent être d’avant-garde afin d’entrer dans la vaste maison contemporaine. L’avant-garde est ce qui n’a jamais été fait avant. Ce qui est nouveau effraie. C’est logique puisque l’on bouleverse l’univers culturel habituel du public. D’où le rejet systématique de l’art contemporain. L’œuvre artistique est a son paroxysme lorsque « créer ce que d’autres n’aurait la capacité ou l’idée de faire » prend tout son sens. C’est le cas des sculptures de Bernar Venet. Il est trop facile de dire je vais chier sur une toile, je vais l’exposer lorsque la merde sera sèche et je serais labélisé artiste contemporain. Heureusement que l’art contemporain ne se résume pas à cela, que l’on aime ou pas certains tenants du titre. Cependant, l’amalgame est encore trop souvent fait par le public et les traditionnalistes s'organisant en collectifs tels que l'Association des riverains de l’avenue de Paris (ARAP),Versailles mon amour et la Coordination de défense de Versailles. Mais Rome ne s’est pas faite en un jour, pas plus que l’opéra Bastille ou le Château de Versailles. Il faut beaucoup de temps pour se faire accepter.

 

L'art contemporain existe. Il est l'un des acteurs majeurs de l'évolution de la civilisation. Toute société ne vit qu'en créant. Si elle ne fait que répéter, elle décline. Si l'art est censuré voire absent, c'est une dictature. Malgré de nombreux maux sociaux extra-artistiques, notre société ne va donc pas si mal !

 

Stéphane Pichet

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