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STÉPHANE · 13-03-2013



KEITH HARING, L'EXPRESSION HUMAINE

Lorsqu’on aperçoit le sillage d’Andy Warhol ou Jean-Michel Basquiat, on voit le bateau artistique de Keith Haring ! L’artiste, décédé en 1990 du sida, s'est imposé comme une icône militante du pop art. En effet, il s’est tour à tour engagé contre l'Apartheid en Afrique du sud, la menace de l'armement atomique, la destruction de l'environnement, l'homophobie et l'épidémie de sida. Il se distingue par une production pléthorique, incarnée par ses dessins rapides dans le métro, ses peintures, ses sculptures, ses bonshommes délivrant des messages métaphoriques. Il fait aujourd’hui l’objet d'une grande rétrospective à Paris.

 

En quelques mots...

Keith Haring, artiste américain, naît le 4 mai 1958 à Reading en Pennsylvanie et décède le 16 février 1990 à New York. Son œuvre est proche du mouvement de la figuration libre, entre graffiti et bad painting.

Keith Haring s'intéresse très tôt au dessin, qu'il apprend avec son père. Il baigne dans la culture populaire, le rock et l’univers psychédélique des années 70. Keith Haring puise son inspiration dans les bandes dessinées, les dessins animés, mais aussi dans les productions du mouvement Cobra.

Keith Haring suit des cours de dessin publicitaire jusqu'en 1978 à la Ivy School of Professionnal Art de Pittsburg où il découvre le travail de Pierre Alechinsky. Il étudie ensuite à la School of Visual Arts de New York.
Inspiré par le graffiti et soucieux de toucher un large public, Keith Haring investit les murs du métro de New York avec ses « Subway Drawings » dessinés à la craie sur des panneaux publicitaires recouverts de papier noir.

Un artiste engagé

Keih Haring est un artiste engagé qui se bat depuis le début pour les droits des

homosexuels, contre la discrimination raciale, contre la drogue et toutes les formes d’exploitation et d’oppression. Ses luttes existentielles et sociétales ne l'empêchèrent pas de créer pour une grande marque de sport ou de s'afficher aux côtés du clown d'une chaîne internationale de fast food.

 

Il fait le choix de consacrer une grande partie de son action aux enfants. Il peint notamment une grande fresque murale à lʼhôpital Necker de Paris et dans le service maternité de lʼhôpital Princesse Grace de Monaco. Il organise des cours de dessins, des ateliers dans des écoles, des musées, des hôpitaux du monde entier. Il fait parfois participer les enfants comme pour l’immense bâche quʼil a réalisé pour le centenaire de la Statue de la liberté en 1986 où 1000 enfants ont rempli lʼintérieur de son dessin au trait. Le virus du sida apparaît au milieu des années 80. De nombreux amis de lʼartiste meurent de ce fléau. il apprend sa séropositivité en 1987. Il peint de plus en plus de tableaux dénonçant l’intolérance, l’ignorance dont cette maladie fait l’objet.

Peu avant de s’éteindre du feu qui le ronge, il crée une fondation portant son nom et la confie par voie testamentaire à sa dernière assistante Julia Gruen. Selon ses souhaits, cette fondation milite pour la prévention du sida et soutient des œuvres de bienfaisance consacrées aux enfants.

Le style Haring

Dès ses débuts Keith Haring a adopté un style unique, un graphisme basé sur des formes simples colorées en aplats de couleurs vives ou en noir et blanc. Une ligne continue, claire et de contours très nets. Cette ligne donne de l’énergie à ses œuvres et rend  les motifs presque vivants. Le résultat se voit sur les nombreux idéogrammes de l'artiste. Ses sculptures sont marquées par une ligne répétitive. Il ne fait aucun croquis préalables même pour ses créations monumentales. Ses silhouettes, ses  objets sont dessinés « à main levée » et lʼartiste nʼy apporte jamais de correction. Ce graphisme simple, presque simpliste, pur suffit à raconter une histoire, à faire surgir une émotion, la plupart du temps sans y ajouter de texte. Il met toujours en scène ses personnages, ses animaux et ses dessins sont très symboliques. Le « Bébé rayonnant » devient d’ailleurs l’emblème du monde de l’enfance où tout est du bonheur à l’état pur; un univers sans compromis et déconnecté de celui des adultes. D’autres formes plus politiques, morbides ou représentant une sexualité débridée comme les « Serpents tentateurs » viennent assombrir ce milieu enfantin dénué de toute vanité, perversité. La bande dessinée a eu une forte influence sur son œuvre et on retrouve dans son travail des petits traits, propres à la BD, qui entourent certaines figures. Ces traits droits, courbés, en zig zag animent ces figures, les mettent en mouvement et indiquent des émotions, la vitesse, la violence... Ils appartiennent complètement au graphisme de Keith Haring.

 

Amitiés et collaborations

Différents artistes ont collaboré avec Keith Haring. Madonna à notamment été l’amie de l’artiste pendant de nombreuses années. En 1984, il a habillé la « Material Girl » pour sa première tournée de concerts. Keith Haring a également travaillé pou Andy Warhol et de nouveau pour Madonna. Cette dernière rend un hommage coloré et joyeux à l’artiste lors de sa prestation sur le tube Into the groove, durant le « S&S Tour ».

Jean Michel Basquiat, né à New York en 1960 et décédé en 1988 est aussi une icône du pop art américain. Il devient très tôt un artiste d'avant-garde très populaire et un représentant incontournable de la mouvance « underground ». Il se lie d'amitié avec Keith Haring. Les deux amis n'ont jamais collaboré ensemble. Cependant, la chanteuse Riahnna les a réunis virtuellement dans son clip Rude Boy.

Héritage et succès

En 2008 le Musée d'art contemporain de Lyon présente l'une des plus importantes expositions jamais organisées en France en hommage à Keith Haring. Il aurait eu 50 ans cette année là. A l'instar de Keith Haring, emplissant la toile, s'immisçant dans les endroits les plus insolites, allant jusqu'à recouvrir les objets ou les corps, l'exposition envahit le musée, prend possession des lieux, immergeant le visiteur dans l'univers foisonnant de l'artiste. Le principe de déambulation retenu dans l'exposition met en lumière l'esprit ouvert et cultivé de Keith Haring qui transparaît dans ses œuvres formellement diverses, nourries de ses rencontres, ses lectures et des lieux découverts au hasard de ses voyages. Cette exposition a rencontré un très gros succès avec quatorze-mille visiteurs dès les dix premiers jours.

Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et le CENTQUATRE présentent une rétrospective de grande envergure de Keith Haring. Cette exposition permettra d’appréhender l’importance universelle de son œuvre et plus particulièrement la nature profondément « politique » de sa démarche, tout au long de sa carrière. L'exposition simultanée reprend plus de deux cent cinquante œuvres réalisées sur toile, sur bâche, sur les murs. Une quinzaine de grands formats est également accrochée au CENTQUATRE.  Cette exposition est l’une des plus importantes jamais réalisées sur cet artiste.

Les mots de la fin

Keith Haring, « trublion binoclard du pop art » était toujours en avance sur son temps. L'artiste plaçait sa fierté dans l'appartenance à un art proche et immédiat. Disparu trop tôt, il nous offre un héritage fort de symboles exprimant quelques fois la révolte. Néanmoins, son art n’était pas du tout révolutionnaire. La critique dénonça d’ailleurs une approche par trop commerciale de son œuvre. C’est là tout le paradoxe de Keith Haring. Mais il faut observer ses créations, ses créatures comme s’il on lisait un texte « entre les lignes » pour en comprendre le sens. Son personnage est donc complexe. Cependant, il est sans équivoque un artiste profondément humain dont la part de trivialité donne à ses œuvres un aspect primitif pour un art résolument nouveau.


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