La vie sur le fil

Né le 24 avril 1952 à Arcueil, dans le Val de Marne (banlieue sud de Paris),  Jean-Paul Gaultier est le fils d'un comptable et d'une caissière de restaurant d'entreprise. Enfant, il est élevé avec affection par ses parents. La famille vit paisiblement à Bagneux, toujours dans le Val de Marne. Gamin rêveur, solitaire, n'aimant pas trop l'école, le petit Jean-Paul rend régulièrement visite à sa grand-mère. Celle-ci l’initie dès 6 ans à la couture. Il confectionne ses premiers habits pour son ours en peluche. C'est en fouillant dans une malle de sa grand-mère que le petit Jean-Paul découvrira les corsets et objets qui deviendront les symboles de sa future marque. Fasciné par Falbalas, le film de Jean Becker avec Micheline Presle, il décide de consacrer sa vie à la mode.

Années 80 : créateur provocateur, mais sans outrances, Jean-Paul Gaultier connaît un essor considérable lors de cette décennie dite des « années fric ». Les commandes affluent. Il lance la mode du « toy boy » (homme-objet) vêtu d'une marinière. En 1984, c'est lui encore qui met des jupes aux hommes et les libère d'une virilité qu'imposent les codes sociétaux, donnant à l'unisexe ses lettres de noblesse. Il confectionne l’emblématique bustier aux seins coniques de Madonna. En 1988, Jean-Paul Gaultier exploite le filon musical en surfant sur la vague « House ». Il sort ainsi, en collaboration avec Tony Mansfield, un single intitulé How To Do That sur le label Fontana (Mercury Records), dont la musique est composée par Philippe Chany. La pochette du vinyle et le clip sont signés Jean-Baptiste Mondino.

DJ Boogat a remixé ce titre en 2011.

Années 90 : Jean-Paul Gaultier crée les tenues du fameux « Blond Ambition Tour » de Madonna. En 1993, Il assure la stabilité financière de son entreprise en se lançant dans la production de parfums et accessoires pour femmes, avec la naissance du « Jean Paul Gaultier ». Il en fabriquera d'autres, notamment masculins, avant de créer unre première ligne de maquillage pour homme.

Pedro Almodóvar, Jean-Pierre Jeunet et Luc Besson font appel à lui pour réaliser les costumes de leurs films respectifs, notamment  Kika (1993), La cité des enfants perdus (1995) et Le Cinquième Élément (1997). En 1997, Jean-Paul Gaultier cède une part de son capital à Hermès.

Son succès lui permettra de s'engager dans la lutte contre le SIDA et la joute à l'encontre de toutes les formes de discrimination : racisme, sexisme, etc. Les thèmes de ses collections illustrent bien sa volonté farouche de mélanger les genres et de rompre les codes. Cela lui permet d’acquérir, avec grande humilité, une éthique humaine indéniable. Il chargera le PDG de sa société de fonder la fraternelle Cambacérès pour les homosexuels.

Années 2000 : en 2001, il fait ses débuts d'acteur en jouant son propre rôle dans le film Absolument fabuleux de Gabriel Aghion. Puis ce sont les retrouvailles avec la maison Hermès dont il devient le directeur artistique en 2003, bâtissant en son nom propre un pont entre le luxe et la grande consommation. La couture, selon lui, c’est « la simplicité sublimée » . Jean Paul Gaultier a souhaité célébrer vingt ans de prêt-à-porter par un défilé haute couture qui l’a fait définitivement entrer au Panthéon des couturiers officiels.